TRAILER
DIFFUSION
Sortie salles "Entre les barreaux les mots" le 30 mai 2018
- Cinéma le Saint André des Arts (Paris)
- Les Cinoches (Ris-Orangis)
- CinéMassy (Massy-Palaiseau)
- Cinéma Arcel (Corbeil-Essonne)
- Studio Raspail / Fondation La Poste
- Cinéma Le Studio (Aubervilliers)
- SCAM
- Centre National du Livre
- Congrès annuel de l'Association des Bibliothécaires de France 2018
- Rencontre Cinéma et Sciences Humaines de l'Université de Nanterre
- Mediterranean Film Festival 2018 (Best Blog Doc Award, Sicily)
- In-Short Film Festival Lagos 2018 "The Socialight" (Nigeria)
- Benin City Film Festival 2019
Soutenu par Champ Libre, Ethnoart, Christiane Taubira
Distribué dans les universités américaines par Docadomia (USA)
Le film en VOD :
Le lien envoie sur la page Vimeo on Demand, on peut y lire la bande annonce et acheter/louer le film (sous-titre anglais disponible)
PRESSE
MEDIAPART
ENTRE LES BARREAUX LES MOTS
Un film de Pauline Pelsy-Johann
On va voir un film pour prendre du plaisir, rêver, imaginer, découvrir, faire un pas de côté…
Quand on nous dit d’aller voir un documentaire sur la prison, sur les sdf, sur les immigrants, sur le viol…
on se dit qu’on n’a pas envie de passer une heure face à la souffrance, on souffre assez comme
çà… Réaction banale… Pas facile d’attirer le chaland sur des sujets à priori rébarbatifs et qui
demandent un effort. Nous vivons dans une culture de cinéma de divertissement (Hollywood…) ;
quant aux documentaires, même s’ils sont mieux reconnus aujourd’hui, on y case, pour le meilleur
et pour le pire, tout ce qui n’est pas fiction. On se dit : on verra plus tard.
Disons-le d’entrée : Entre les barreaux les mots n’est pas un film de plus sur les prisons. Loin
d’une vision surplombante sur un sujet, ce documentaire nous invite à ouvrir la porte d’une
prison, celle de Fleury Mérogis dans l’Essonne et à entrer dans un récit. On va nous raconter une
histoire.
On y entre par la médiation d’une Association qui s’appelle « Lire c’est vivre ». Elle propose aux
prisonniers de quitter leur cellule pour se déplacer dans une vraie bibliothèque, à l’intérieur de la
prison, et de partager avec les autres les découvertes opérées par la lecture d’un livre. Les
membres de cette Association, extérieurs à la prison, proposent aux détenu(e)s d’entrer dans
l’imaginaire d’un romancier ou d’un philosophe, d’un poète ou d’un chercheur, et de voyager avec
lui. Chacun se découvre alors le droit de rêver, de vibrer, de sourire, d’être ému, de partager, de
s’ouvrir à des mondes qui ne sont pas les siens, de découvrir la pluralité des approches, des
points de vue, des manières différentes dont on peut se représenter le monde… Animateurs et
détenus confrontent leur regard sur le monde à celui d’un auteur, mais aussi, par le partage sur
les extraits qui sont lus, à celui de leurs voisins de cellule.
Ce travail sur le partage des représentations du monde à l’aide des mots, la cinéaste, qui en a
perçu le sens, le relaie par son travail de mise en scène à l’aide, non de mots (pas de
commentaires explicatifs) mais de plans, de cadrages dûment choisis, qui constituent la
représentation cinématographique.
A l’image, on n’oublie pas que les personnes filmées sont des détenu(e)s qui purgent une peine.
Par nécessité peut-être au départ liée au fait qu’ils ne désirent pas être « reconnus » (dans tous
les sens du terme ?) et qu’on ne doit pas voir leur visage. La cinéaste profite de cette contrainte
pour inventer un mode de représentation. C’est ainsi que la caméra cadre les détenus, souvent en
train de lire à haute voix ou d’échanger, en coupant leur visage : nous n’en verrons que la partie
inférieure, la bouche en particulier. Nous ne pouvons qu’imaginer leurs yeux, leur front. Ce jeu
entre ce qu’on voit et ce qu’on nous cache, loin d’être frustrant nous met paradoxalement au
contact du visage qui à la fois se dérobe et se montre. On ne les dévisage pas. Cette coupure est
la petite faille ou skize qui permet à notre regard -extérieur- de spectateur, de devenir intérieur :
on les voit, on écoute leurs voix, on imagine leur visage et en même temps, on se voit, on
s’écoute soi-même. La coupure comme ligne de partage.
Nous nous découvrons, lecteurs,
auditeurs, spectateurs comme êtres humains à part égale, éprouvant le bonheur de l’échange.
Magnifique choix de mise en scène qui répond à la question que dans les médias plus personne
ne se pose : comment filmer l’autre ?
Autre exemple de mise en scène qui va dans le même sens, lorsque la réalisatrice propose à la
personne détenue de nous donner des éléments de sa vie, de son histoire. On voit le risque, là
encore du voyeurisme : on aimerait bien savoir pourquoi ils sont en prison, qu’ont-ils (elles) fait
pour en être arrivés là? Mais nous serions alors du côté des juges alors que nous ne sommes
que des spectateurs de cinéma.
La représentation est donc la suivante : chaque séquence « biographique » démarre en plan large
dans une salle de théâtre vue du fond : on découvre les sièges et dans la profondeur de champ, la
scène, rideaux ouverts. Devant la scène, de dos, on voit le ou la détenue dont on entend en off le
début de l’histoire. Cut. On se retrouve face à lui (ou elle) en plein contre-jour : on devine leur
corps et leur visage et on écoute ce qu’ils nous disent. Ce choix de la salle de théâtre nous dit
clairement que la réalité ne saurait être filmée frontalement mais qu’elle nécessite le détour par la
représentation. On est moins dans un rapport « image de la réalité » que « réalité de l’image »
seule capable de nous introduire dans une histoire. Le choix d’un décor, la composition d’une
image, la manière d’éclairer, l’articulation des plans… sont les moyens cinématographiques de
donner à voir (ou mieux : entre-voir) le réel, leur réel. Au delà de l’image univoque et formatée du
« détenu », le film travaille l’ambivalence des images qui donnent à voir des personnages qui
deviennent des personnes. Nous sommes préparés à les écouter. Belle leçon de cinéma.
Puissance du cinéma documentaire (1)
Autre élément de mise en scène qui peut paraître provocant : les lieux d’enfermement sont filmés
de telle manière qu’on est frappé par leur beauté : les espaces vides et aérés de présences
absentes, le rayonnement de la lumière solaire, l’harmonie des couleurs, les livres dans la
bibliothèque…Je parle ici des cadrages choisis qui font surgir cette beauté et qui, à mes yeux,
n’est pas sans lien avec cette autre beauté qui est au coeur du film : celle que chacun porte en
lui, cachée… révélée ici par les extraits de livres lus et partagés. « C’est très beau », disent
certains détenus, comme si la beauté du texte et ce qu’il exprime les traversaient. « La beauté
sauvera le monde », écrivait Dostoïevski, lui qui n’a cessé de créer des personnages excessifs, asociaux,
alcooliques, provocateurs, ‘poussent au crime’, mais qui restent insaisissables,
mystérieusement porteurs, malgré tout, d’une étincelle d’ humanité qui les sauvera… Livres,
théâtre, cinéma, comme toute démarche de représentation artistique, donnent accès à la beauté
du monde.
Dans une lecture off du passage d’un livre, jointe à un lent travelling-avant dans un couloir bleuté
de la prison avec ses multiples portes verrouillées, on entend : « Partir… Un papillon est entré
dans la cellule, une merveille zigzague dans l’univers fétide ». Les mots sont des papillons.
Guy Baudon
Avril 2018
(1) Notons au passage que cette démarche de théatralisation fut magnifiquement adoptée et
déployée par Stéphane Mercurio dans son beau film Après l’ombre .
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